mercredi 18 mai 2016

Des policiers pas si mal aimés

Des policiers pas si mal aimés

Laurent Mouloud
Mercredi, 18 Mai, 2016
L'Humanité

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Manifestation des policiers ce mercredi place de la République, une petite provoc’, autorisée par le préfet, histoire d’attiser la « haine anti-flic » ?
Photo : AFP
Les agents sont appelés à manifester aujourd’hui pour dénoncer la « haine anti-flic ». Un discours alarmiste qui ne colle pas avec une profession qui n’a jamais suscité autant de vocations.
«Stop à la haine anti-flic ». C’est derrière ce mot d’ordre pour le moins radical que les policiers sont appelés, aujourd’hui, à se rassembler dans une cinquantaine de villes en France afin de dénoncer les violences dont ils font l’objet lors des mobilisations contre la loi travail, durant lesquelles quelque 300 agents, selon les autorités, auraient été blessés. À l’origine de cette « manif de bleus », qui fédère la quasi-totalité des organisations policières, il y a Alliance, syndicat proche de la droite et premier chez les gardiens de la paix. Son secrétaire général n’y va pas par quatre chemins : « Oui, il y a une haine, et nous avons besoin du soutien de la population, de la justice et de l’État », tonne Jean-Claude Delage, qui se démultiplie sur les radios et les plateaux de télé. Un discours alarmiste en diable, qui amalgame la CGT aux fauteurs de trouble et ne colle en rien avec la réalité de l’opinion publique.

« C’est de l’enfumage »

« Ce mot d’ordre de la “haine anti-flic”, c’est de l’enfumage, raconte un policier parisien. J’exerce depuis des années et je n’ai jamais vu autant de candidatures pour entrer dans la police ! » De fait, le dernier concours de recrutement, organisé en mars, a battu des records : 35 464 candidatures pour 2 801 places. Soit une augmentation de 50 % des vocations par rapport à septembre 2014… « Il n’y a pas plus de haine anti-flic aujourd’hui qu’hier, souligne la CGT police. Il y aura toujours une minorité anti-police, anti-État. Mais quand on discute avec la population, on voit bien qu’elle n’est pas contre les policiers, mais contre nos donneurs d’ordres. »
Beaucoup ne sont pas dupes des arrière-pensées d’Alliance ou de Synergie, son alter ego chez les officiers et dont l’ex-patron, Bruno Beschizza, est secrétaire national à la sécurité chez « Les Républicains ». « En tenant ces discours, ils discréditent le mouvement social, conditionnent les médias et font passer le gouvernement pour des laxistes », décrypte un policier. Qui se dit inquiet de la tournure que pourrait prendre le rassemblement parisien, prévu sur la place de la République, où se réunit chaque soir Nuit debout. Une petite provoc’, autorisée par le préfet, histoire d’attiser la « haine anti-flic » ?

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