jeudi 12 mai 2016

Siné, « ad mortem aeternam »

Siné, « ad mortem aeternam »

Hommage
Caroline Constant
Mercredi, 11 Mai, 2016
Humanite.fr

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AFP
L’hommage au dessinateur décédé jeudi dernier a eu lieu, selon son vœu, ce mercredi après-midi au cimetière Montmartre, à Paris.
Elle était presque réconfortante, la cérémonie d’adieu au dessinateur Siné, cet après-midi au cimetière Montmartre. Ses amis se sont succédé pour parler de lui, avec humour, avec emphase, avec imagination. Sous une pluie battante (« même le ciel pleure », a lancé l’humoriste Christophe Alévêque), près de 500 personnes sont venues pour rendre hommage à Bob Siné, dont les cendres sont enterrées, selon son vœu, dans un immense caveau, prêt à accueillir, le plus tard possible, ses potes, histoire de continuer à se marrer dans l’éternité. Une tombe, où trône un cactus, en forme de doigt d’honneur…
Sous la forêt de parapluies multicolores, anonymes et visages connus ont suivi la fanfare, qui a entonné quelques standards de jazz, la musique préférée de Siné. On croisait dans la foule des visages connus, des dessinateurs comme Jul, les comédiens Jackie Berroyer et Malik Zidi, les gars de Groland, ceux de Siné Mensuel, le syndicaliste des Conti Xavier Mathieu, Gérard Filoche, Guy Bedos…
Christophe Alévèque a ouvert le bal des hommages de « celui qui nous manque énormément déjà » mais « qui laisse un trace énorme », via ses dessins. Il a promis : « on va continuer à boire du Morgon à sa santé et à crier « mort aux cons ! Banzaï ! ». C’est son complice Benoît Delépine qui s’est exprimé le plus longtemps. Rappelant que dans ce tombeau, ils seraient plusieurs à se retrouver « ad mortem aternaem », il a relu, à l’attention du dessinateur, un règlement intérieur fantaisiste, qui a beaucoup amusé la foule. Siné, « avec son rire qui voulait dire « Mourir ? mais plutôt crever ! » . Il a parlé de l’incroyable force de vie de Siné, que « des fumiers ont voulu faire mourir de honte », mais qui s’est relevé, les a attaqués, a gagné ses procès, vaincu son cancer, fondé un journal, tourné dans plusieurs films… « Entre ici, Bob Siné » a-t-il lancé à la mode de Malraux à la fin de son petit discours, provoquant les rires et même des youyous dans la foule. Gérard Filoche a imaginé la discussion, lui « le socialo », et Siné « l’anar » qu’ils pourraient avoir à propos de la motion de censure de la gauche, et des deux députés manquants pour la présenter. Une engueulade permanente qui a duré cinquante ans, à coup de Morgon, « parce que c’est comme ça que ça peut passer, entre un anar et un socialo. Et puis beaucoup d’amour surtout ». L’ancien inspecteur du travail a rappelé l’extrème gentillesse et humanité de son ami, mis à mal par des procès à répétition. Xavier Mathieu, le syndicaliste des « Conti » a conté la chaleur avec laquelle il a été reçu à Siné Mensuel, et l’amitié qui s’en est suivi. Il a fait chanter la foule au son de slogans anti-policiers scandés dans les manifestations actuelles.
A la fin de la cérémonie, les curieux ont été invités à se disperser « pour partir dans les bistrots ». Avec un verre de Morgon, en l’honneur de Siné.


DR

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