mercredi 18 mai 2016

Nuit debout repousse ses frontières

Nuit debout repousse ses frontières

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Lola Ruscio
Mardi, 17 Mai, 2016
L'Humanité

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Dimanche, le collectif Nuit debout, place de la République, à Paris.
Photo : Philippe Wojazer/Reuters
Des milliers de personnes ont participé à Global debout, dimanche, une sorte de Nuit debout à l’échelle internationale. L’occasion de lancer une campagne mondiale contre les entreprises.
Le 15 mai 2016, ou le 76 mars au sens de Nuit debout, la convergence des luttes a pris une dimension internationale. Plus de deux mille personnes ont investi la place de la République, à Paris, dimanche soir, pour participer à la première Global debout, une soirée de rencontres à l’échelle mondiale, préparée depuis un mois par le mouvement citoyen. Trois cents villes se sont mobilisées dans 28 pays et plus de 200 rassemblements ont été recensés en France. Environ 600 personnes se sont réunies à Toulouse. La date n’a pas été choisie par hasard : cinq ans en arrière, jour pour jour, apparaissait sur la Puerta Del Sol, au centre de la capitale espagnole, le « 15-M », pour « 15 mai », le premier jour d’une mobilisation citoyenne qui allait devenir le mouvement des Indignés.
Ce dimanche, les Parisiens, réunis en assemblée générale, crient en sautant en l’air, aux alentours de 20 heures, pour porter l’espoir d’une « autre société, plus juste, plus équitable ». Des centaines de personnes les imitent, au même moment, sur des places publiques à Londres, Berlin, Bruxelles, Rome, Athènes et même Montréal. « Feliz cumpleaños (Joyeux anniversaire – NDLR) », ont chanté avec enthousiasme les Nuit-deboutistes aux milliers de Barcelonais et de Madrilènes qui ont répondu à leur appel, respectivement présents sur la place de Catalogne et la Puerta Del Sol. Sous un dôme aménagé pour l’occasion par les Architectes debout, les Parisiens ont visionné en direct la place de la Catalogne, où résonne en arrière-fond sonore la chanson l’Estaca, de Lluis Llach, symbole de la lutte contre l’oppression franquiste en Catalogne.
Les Espagnols n’étaient pas les seuls à échanger avec Paris. Un Bruxellois alerte la foule par téléphone sur la loi Peeters, la loi travail belge. Cette réforme du marché du travail vise ni plus ni moins, selon lui, à « précariser les travailleurs ». Elle permettrait, entre autres, d’augmenter le temps de travail hebdomadaire à 45 heures. Ce Bruxellois en colère en appelle à la solidarité de tous face à ces lois iniques qui s’inscrivent dans le sillage des politiques d’austérité. Un discours qui fait écho à celui de son compatriote berlinois, qui dénonce la loi allemande Hartz IV, dont un des piliers repose sur la dégressivité de l’indemnité chômage, passée de 18 mois à12 mois. Dans un autre registre, un Brésilien s’affole de la destitution de la présidente Dilma Rousseff : « Ici, on est dans une situation de coup d’État, ce n’est pas seulement une loi travail qui est en jeu. » La foule compacte parisienne hue le coup de force pendant de longues secondes. Il ajoute, la voix tremblante : « On est dans une situation très difficile et on a besoin de vous. Merci de votre solidarité et merci Paris ! » Les participants applaudissent et répètent en hurlant : « Liberté ! »

La première entreprise visée est Coca-Cola.

En faisant front commun, ces milliers de personnes mobilisées veulent montrer que leurs combats sont liés. La campagne internationale « NOlist » a été lancée au cours de cette soirée par le mouvement parisien. L’objectif est d’« identifier les sociétés qui se comportent le plus mal et de proposer des alternatives », selon un communiqué de la Nuit debout. Les internautes peuvent dénoncer en un clic, via une plateforme participative, les dérives de multinationales en matière de conditions de travail, sanitaires ou environnementales. La première entreprise visée est Coca-Cola. Marion, membre de la commission internationale, explique que l’idée est de « mettre en place des actions sur le terrain. On pourrait, par exemple, se rassembler devant le siège de la marque ou bloquer un magasin ». Dimanche, des centaines de personnes ont déjà occupé le centre commercial Val d’Europe, en Seine-et-Marne, une action de quelques heures contre le travail du dimanche.

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