lundi 9 mai 2016

Travail du dimanche. Le BHV attaque, les Galeries résistent

Travail du dimanche. Le BHV attaque, les Galeries résistent

Kareen Janselme
Lundi, 9 Mai, 2016
L'Humanité

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Malgré l’opposition des salariés, le BHV Marais devrait ouvrir les dimanches à partir du 1er juillet.
Photo : Julien Jaulin/Hanslucas
Malgré l’opposition des salariés par référendum, en novembre 2015, le BHV Marais a obtenu un accord autorisant le travail dominical. Aux Galeries Lafayette, les syndicats l’ont refusé.
En novembre 2015, les salariés de l’enseigne BHV Marais à Paris s’étaient exprimés clairement par référendum : ils ne voulaient pas travailler tous les dimanches. Emmanuel Macron avait ouvert la brèche en août en imposant, par le 49-3, une loi portant de 5 à 12 les « dimanches du maire ». À Paris, le ministre de l’Économie a même créé une exception pour contourner Anne Hidalgo : que la décision d’ouverture dominicale soit prise par le préfet et non par le maire dans la capitale. Et si 12 dimanches par an ne suffisent pas, une enseigne située en zone touristique internationale (ZTI) peut désormais ouvrir toute l’année et tous les jours. Dans la capitale, nombreuses ont été les zones à être classées en ZTI. Seul petit obstacle pour les directions : signer un accord avec les syndicats.

La direction résignée à demander son avis aux salariés

À l’automne, pour éviter l’usage du droit d’opposition de la CFTC, la direction du BHV s’était résignée à demander son avis aux salariés, par référendum. Un camouflet. Et pourtant, l’enseigne est revenue à la charge en proposant, la semaine dernière, un accord similaire, obtenant la signature de la CGC et de SUD BHV. Ce dernier avait déjà créé la surprise en novembre, en retournant sa veste et en affirmant soudainement être favorable au travail du dimanche au BHV. SUD BHV « ne nous est pas affilié », a souligné le syndicat SUD commerces et services qui a demandé, vendredi, « solennellement à (ses) camarades de retirer leur signature de cet accord ». Rien n’y a fait. La CGT, représentant 34 % des voix aux élections professionnelles, a rapidement annoncé qu’elle s’opposerait à la signature. Mais pour rendre l’accord caduc, un autre syndicat doit s’y associer, portant à au moins 50 % les voix d’opposition. Or la CFTC ne lui a pas engagé le pas. Paradoxalement, si le syndicat chrétien ne veut pas signer « par respect du résultat du référendum du 22 novembre », il ne veut pas non plus user de son droit d’opposition… Résultat : l’accord devrait être entériné, et tant pis pour le résultat du référendum du 22 novembre… Il octroiera aux salariés en CDI, volontaires pour travailler au maximum 15 dimanches, une majoration de 100 % ces jours-là, et une journée récupérée à chaque fois. Pour les temps partiels de fin de semaine, ils seront rémunérés 100 % de plus les quinze premiers dimanches, 50 % de plus les suivants. Des compensations alléchantes, mais qui ne dureront pas, selon la CGT. « Ces contreparties vont peser sur la rentabilité de l’entreprise, analyse Karl Ghazi, porte-parole de l’US CGT commerce. À terme, la direction reviendra en arrière, soit en dénonçant l’accord dans un an soit en faisant pression sur les syndicats, “dans l’intérêt de l’emploi”, soi-disant. L’ouverture du dimanche, elle, sera irréversible. » Et avec la loi El Khomri à venir, les accords seront revus automatiquement tous les cinq ans, sans que les acquis soient maintenus.

« La loi Macron vise à une application dans la durée »

Si le BHV Marais est le seul et premier grand magasin parisien à signer un tel accord dominical, les syndicats craignent l’effet d’entraînement. « La loi Macron vise à une application dans la durée, explique Karl Ghazi. On enfonce deux ou trois coins pour obtenir un effet domino au profit d’une plus grande dérégulation. » En résumé, les pressions sur les syndicats et salariés seront plus fortes si les voisins autour ouvrent le dimanche. Mardi dernier, aux Galeries Lafayette, les syndicats sont restés unis contre l’ouverture dominicale, refusant tous d’apposer leur paraphe. Parallèlement, plusieurs recours administratifs ont été déposés pour s’opposer à la mise en application de la loi Macron concernant le décret de désignation des ZTI, ainsi qu’une question prioritaire de constitutionnalité sur le fait qu’à Paris, la maire ne puisse définir les ZTI.

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