lundi 23 mai 2016

Services publics. La Courneuve dénonce l’hypocrisie de l’État

Services publics. La Courneuve dénonce l’hypocrisie de l’État

Adrien Rouchaleou
Lundi, 23 Mai, 2016
L'Humanité

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Alain Delpey/MAXPPP/MAXPPP
De nouveau, un centre des finances publiques et un centre médico-psychologique sont menacés de fermeture, malgré les belles paroles du premier ministre Manuel Valls.
En avril dernier, Manuel Valls donnait à Libération une longue interview à propos des quartiers qu’il avait quelques mois plus tôt estimé frappés d’« apartheid social, ethnique et culturel ». Le premier ministre s’y montrait déterminé : « Je maintiens aujourd’hui que cela arrange beaucoup de monde d’avoir des ghettos, avec les classes populaires loin du centre-ville ! Moi, je veux que ces territoires soient pleinement réintégrés dans la République. » Pour enfoncer le clou, il ajoutait : « Aux postures, je préfère les actes concrets. »
À ce titre, La Courneuve, en Seine-Saint-Denis, vient d’être gâtée. Mais, à l’opposé de ce que pérorait Valls, ce sont de nouveaux désengagements de l’État qui la frappent. Les élus de la ville ont découvert les lourdes menaces pesant sur l’antenne courneuvienne du Trésor public et sur le centre médico-psychologique (CMP). Une goutte d’eau, peut-être, mais qui fait déborder le vase. « Ces mauvaises nouvelles viennent s’ajouter aux difficultés rencontrées quotidiennement par les Courneuvien-ne-s : fermetures répétées du centre d’accueil de la CAF, professeurs non remplacés, manques d’effectifs au commissariat, à La Poste… », dénonce dans un communiqué la mairie, bien décidée à mener le combat pour conserver ses services publics.
Il y a sept ans, déjà, Gilles Poux, maire PCF de La Courneuve, avait déposé auprès de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) une plainte inédite pour « discriminations urbaines et sociales » à l’échelle de la commune tout entière. Cette fois, il place le gouvernement face à ses contradictions, en s’adressant dans deux courriers aux ministres concernés : Michel Sapin pour le Trésor public et Marisol Touraine pour le CMP. « Le contrat local de santé, signé avec l’ensemble des partenaires locaux dont les représentants de l’État, a pourtant placé la santé mentale comme l’un de ses axes de travail prioritaires », rappelle-t-il à la ministre de la Santé. Quant au ministre des Finances, Gilles Poux l’interroge : « Comment interpréter ces choix cumulés, ces disparitions du service public dans nos quartiers, ces reculs du droit commun alors que notre premier ministre, lui-même, dénonce l’apartheid territorial que subiraient certaines collectivités ? » Malins, sur Twiter, les élus courneuviens ont détourné le fameux logo du mouvement de Stéphane Le Foll, « Hé oh la gauche » pour interpeller Matignon. « Hé oh Manuel ! C’est pour lutter contre l’apartheid social que l’État veut supprimer nos services publics ? » Une question qui reste pour l’instant sans réponse.

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