mercredi 25 mai 2016

Jean-Luc Mélenchon et ses « insoumis » au travail sur un programme

Jean-Luc Mélenchon et ses « insoumis » au travail sur un programme

Julia Hamlaoui
Mercredi, 25 Mai, 2016
L'Humanité

Le député européen a présenté hier à la presse les axes de son futur programme pour l’élection présidentielle de 2017. Élaboré à partir de celui de 2012 et des contributions des partisans de son « mouvement de la France insoumise », il sera présenté en octobre.
À moins de deux semaines du premier rassemblement auquel il appelle ses soutiens le 5 juin à Paris, Jean-Luc Mélenchon a convoqué la presse hier pour parler de son futur programme en vue de la présidentielle. Dans un contexte de mobilisation sociale tendue contre un gouvernement décidé à garder la main sur la gauche, « le sujet c’est de mettre en mouvement 4 millions de personnes pour qu’elles en attrapent 3 autres (millions) pour qu’on gagne », a jugé le député européen. La présentation de sa démarche est tranchée : « perspectives claires, objectifs, rendez-vous » contre « bla-bla fumeux et discussions interminables sur des primaires de la gauche qui sont de toute façon une mystification annoncée à l’avance ». Une initiative à laquelle il a déjà refusé de participer alors que ses partenaires de 2012, notamment le PCF, essaient de construire un « processus collectif » pour rassembler au-delà du Front de gauche.

« 2 186 contributions ont été envoyées depuis l’annonce de ma candidature »

Jean-Luc Mélenchon a ainsi répété qu’il n’avait « pas une minute à perdre dans d’obscures tractations », justifiant ainsi son entrée en campagne dès le 10 février « hors cadre des partis » via un mouvement baptisé « la France insoumise ». « Cela m’agace d’entendre que Jean-Luc Mélenchon est seul », a, dans la foulée, insisté l’économiste Jacques Généreux, l’un des coordinateurs du programme, citant, outre les quelque 105 000 soutiens recensés sur la plateforme numérique JLM2017, des jeunes mais aussi des polytechniciens, chercheurs, syndicalistes, hauts fonctionnaires… Autant de mains et de cerveaux invités à contribuer aux travaux sur le programme et à crédibiliser l’hypothèse d’une arrivée au pouvoir. « 2 186 contributions ont été envoyées depuis l’annonce de ma candidature », s’est également réjoui le candidat, n’oubliant pas de rappeler qu’au rang de ses soutiens il compte aussi « le Parti de gauche, la Nouvelle Gauche socialiste, un groupe autour de Francis Parny chez les communistes ». Côté pratique, une série de jeunes « rapporteurs » a été nommée pour synthétiser régulièrement l’ensemble des textes reçus, des auditions d’experts sont également conduites, le tout devant aboutir à un programme présenté en octobre prochain.
L’écriture se veut donc « collective » et s’organise autour de sept axes listés, hier, par Jean-Luc Mélenchon : « la réorganisation de la société politique », « la planification écologique », « le partage des richesses », « la sortie des traités européens et l’entrée dans le protectionnisme solidaire », « l’indépendance et la paix », « le progrès humain », « les nouvelles frontières » (mer, espace et numérique). « L’intérêt général humain, l’intérêt de classe, pour autant qu’il y contribue, doit être l’horizon de la révolution citoyenne », a déclaré le cofondateur du PG pour en résumer la philosophie tout en appuyant sur le fait qu’il « ne par(t) pas de rien ». La plupart des thèmes sont issus du programme du Front de gauche en 2012, l’Humain d’abord, agrémentés des travaux conduits depuis, notamment par le PG (assises de l’écosocialisme, de la mer, sommet du plan B en Europe…).
Mais la grande différence pour Jacques Généreux avec l’élaboration de l’Humain d’abord, c’est que l’écriture n’est pas le fruit d’un travail « simplement entre partis, ce qui aboutit parfois à des positions pas très claires » du fait, selon l’économiste, d’une conduite de ces derniers téléguidée par la « conquête du pouvoir, des postes ». Une rupture jugée dans l’air du temps mais qui flirte parfois avec la suspicion généralisée. Pourtant, la démarche qui se veut gage de clarté nécessite elle aussi des compromis. Sur certains thèmes, la « synthèse des 1 600 premières contributions programmatiques » mise en ligne stipule qu’une « solution de synthèse (entre différentes propositions – NDLR) devra être recherchée ». Sur d’autres, la ligne est déjà bel et bien tranchée. « Je prends position très clairement pour la sortie du nucléaire », a annoncé Mélenchon alors que son précédent programme évoquait « un grand débat public ».
« Une fois que nous aurons ce programme, tout ne s’arrête pas. Sa présentation ne sera qu’un point d’orgue », a expliqué Charlotte Girard, également coordinatrice de son élaboration. Une porte qui reste ouverte sur le fond du projet à ceux qui soutiendraient plus tardivement cette candidature ? En tout cas, une convention nationale des insoumis doit être organisée avant la fin de l’année. Et celle-ci devrait voir la naissance d’une « assemblée représentative du mouvement », a annoncé Jean-Luc Mélenchon, qui espère ainsi dépasser ce qui a selon lui conduit à la « mort » du Front de gauche, « l’incapacité à proposer un cadre où tout le monde puisse être à sa place avec ou sans carte de parti ».

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