Politique du logement et aménagement du territoire
Gérard Le Puill
Vendredi, 29 Avril, 2016
Humanite.fr
La construction de nouveaux logements a sensiblement augmenté dans certaines régions et diminué dans d’autres sans que le ministère ne fournisse la moindre explication. Cette dernière est à chercher dans la carte blanche donnée aux spéculateurs du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP) par les gouvernements successifs depuis des décennies.
Selon le ministère du Logement, les mises en chantier de logements neufs ont progressé 3% en un an. Elles ont été de 84.000 pour les trois premiers mois de cette année, caractérisés par un hiver très doux, pratiquement sans intempéries. Toujours selon le ministère d’Emmanuelle Cosse, les permis de construire accordés pour des logements neufs ont grimpé de 7,5% en un an avec 93.500 pour les trois premiers mois de cette année. Au total, il pourrait y avoir 393.700 constructions de logements sur 12 mois, assez loin de l’objectif de l’objectif de 500.000 par an de François Hollande et du gouvernement.
Cela étant, la croissance très différenciée de la construction logements selon les régions pose quelques questions et n’apporte aucune réponse quand aux causes de ces différences. Ainsi, sur douze mois, les mises en chantiers augmentent de 25,4% en Ile de France, de 22% en Corse et de 10,7% en Pays de la Loire. Mais elles reculent de 14,3% dans la nouvelle région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, de 8,3% en Alsace-Champagne- Ardenne Lorraine et de 7,8% en Normandie.
On peut penser que les politiques de métropolisation des activités économiques autour des « pôles de compétitivité » que le marché spéculatif des bureaux concentre au cœur et à la proche périphérie des grandes villes favorisent la construction de logements en Ile-de-France , comme en région Pays-de-La-Loire tandis qu’une tendance lourde induite par une longue désindustrialisation fait reculer les constructions de logements neufs dans les trois régions de la partie nord et est de la France avec des zones de déprise immobilière faisant suite au déclin industriel.
De telles différences mériteraient d’être analysées et explicitées par le ministère du Logement. Surtout quand la ministre n’est autre que l’ancienne patronne d’Europe Ecologie Les Verts. Car nous voyons émerger une conséquence perverse du développement très inégal des régions en France. Si la concentration des activités économiques se poursuit ainsi dans des régions comme l’Ile de France, le grand Lyon, le grand Nantes, le grand Bordeaux, le grand Toulouse, il y aura partout un étalement accru de l’habitat dans un rayon de 50 kilomètres alentour. On consommera beaucoup de terres agricoles pour de nouvelles constructions pavillonnaires. Mais on assistera à un phénomène général de déprise immobilière dans toutes les zones jugées trop peu attractives par le marché spéculatif de l’immobilier. On aura ainsi plus de transports publics saturés, de bouchons sur les rocades des grandes villes et au-delà et plus de déserts ruraux et de petites villes avec des logements vides faute de travail à proximité.
Voilà ce qui arrive quand les gens qui nous gouvernement abandonnent toute politique d’aménagement du territoire et laissent cette mission au marché spéculatif qui aménage en fonction de ses intérêts. Voilà aussi qui va compliquer sérieusement l’efficacité de bien des dispositifs prévus dans le volet logement de la loi sur la transition énergétique dont plusieurs décrets d’applications vont bientôt paraître.
Ségolène Royal a évoqué le sujet le 26 avril en clôture de la conférence environnementale. Dans son catalogue de bonnes intentions il y a a publication d’un prochain décret qui « prévoit de procéder automatiquement à des travaux d’isolation en cas de travaux importants » dans les immeubles. Un autre décret sera publié pour faciliter l’isolation par des travaux à l’extérieur des immeubles, ainsi que « la révision des performances énergétiques pour els bâtiments existants», avec la volonté de « reprendre les dispositions les plus exigeantes au niveau européen». Mais comment appliquer ce décret demain dans les zones qui auront de plus en plus de logements vides?
Cette question renvoie à une autre, soulevée à juste raison par Ségolène Royal. La ministre a déclaré le 26 avril que « la lutte contre l’artificialisation des sols doit constituer une priorité lors de l’aménagement du territoire», ajoutant que « nous consommons l’équivalent d’un stade de foot toutes les 5 minutes et d’un département tous les 7ans». Mais peut-on mettre fin à cette surconsommation de terres agricoles dans le bétonnage sans rompre avec le pilotage de l’aménagement du territoire par les firmes du BPT en fonction de leurs seuls intérêts spéculatifs alors que les gouvernements , les présidents de régions et l’immense majorité des maires pratiquent le suivisme dans une recherche permanente de recette fiscales liées aux activités souvent commerciales ?
Ségolène Royal a déclaré le 26 avril qu’elle voulait « proposer des actions sur trois axes » qui apparaissent au nombre de quatre dans son propos : « compenser l’artificialisation des sols sur les territoires urbains (principe : une artificialisation contre une désartificialisation) ; valoriser les collectivités qui maîtrisent leurs consommations foncières ; réfléchir à un mécanisme pour favoriser le retour à un classement en zone naturelle ou agricole dans les plans d’urbanisme ; mobiliser les établissements publics pour lieux valoriser les anciennes friches industrielles ».
Il s’agit là d’objectifs intéressants a priori. Il reste à savoir si l’on ira au-delà du catalogue de bonnes intentions dans un pays où les décideurs publics ont laissé aux aménageurs privés la possibilité de n’en faire qu’à leur tête et en fonction de leurs seuls intérêts depuis plusieurs décennies.
Cela étant, la croissance très différenciée de la construction logements selon les régions pose quelques questions et n’apporte aucune réponse quand aux causes de ces différences. Ainsi, sur douze mois, les mises en chantiers augmentent de 25,4% en Ile de France, de 22% en Corse et de 10,7% en Pays de la Loire. Mais elles reculent de 14,3% dans la nouvelle région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, de 8,3% en Alsace-Champagne- Ardenne Lorraine et de 7,8% en Normandie.
On peut penser que les politiques de métropolisation des activités économiques autour des « pôles de compétitivité » que le marché spéculatif des bureaux concentre au cœur et à la proche périphérie des grandes villes favorisent la construction de logements en Ile-de-France , comme en région Pays-de-La-Loire tandis qu’une tendance lourde induite par une longue désindustrialisation fait reculer les constructions de logements neufs dans les trois régions de la partie nord et est de la France avec des zones de déprise immobilière faisant suite au déclin industriel.
De telles différences mériteraient d’être analysées et explicitées par le ministère du Logement. Surtout quand la ministre n’est autre que l’ancienne patronne d’Europe Ecologie Les Verts. Car nous voyons émerger une conséquence perverse du développement très inégal des régions en France. Si la concentration des activités économiques se poursuit ainsi dans des régions comme l’Ile de France, le grand Lyon, le grand Nantes, le grand Bordeaux, le grand Toulouse, il y aura partout un étalement accru de l’habitat dans un rayon de 50 kilomètres alentour. On consommera beaucoup de terres agricoles pour de nouvelles constructions pavillonnaires. Mais on assistera à un phénomène général de déprise immobilière dans toutes les zones jugées trop peu attractives par le marché spéculatif de l’immobilier. On aura ainsi plus de transports publics saturés, de bouchons sur les rocades des grandes villes et au-delà et plus de déserts ruraux et de petites villes avec des logements vides faute de travail à proximité.
Voilà ce qui arrive quand les gens qui nous gouvernement abandonnent toute politique d’aménagement du territoire et laissent cette mission au marché spéculatif qui aménage en fonction de ses intérêts. Voilà aussi qui va compliquer sérieusement l’efficacité de bien des dispositifs prévus dans le volet logement de la loi sur la transition énergétique dont plusieurs décrets d’applications vont bientôt paraître.
Ségolène Royal a évoqué le sujet le 26 avril en clôture de la conférence environnementale. Dans son catalogue de bonnes intentions il y a a publication d’un prochain décret qui « prévoit de procéder automatiquement à des travaux d’isolation en cas de travaux importants » dans les immeubles. Un autre décret sera publié pour faciliter l’isolation par des travaux à l’extérieur des immeubles, ainsi que « la révision des performances énergétiques pour els bâtiments existants», avec la volonté de « reprendre les dispositions les plus exigeantes au niveau européen». Mais comment appliquer ce décret demain dans les zones qui auront de plus en plus de logements vides?
Cette question renvoie à une autre, soulevée à juste raison par Ségolène Royal. La ministre a déclaré le 26 avril que « la lutte contre l’artificialisation des sols doit constituer une priorité lors de l’aménagement du territoire», ajoutant que « nous consommons l’équivalent d’un stade de foot toutes les 5 minutes et d’un département tous les 7ans». Mais peut-on mettre fin à cette surconsommation de terres agricoles dans le bétonnage sans rompre avec le pilotage de l’aménagement du territoire par les firmes du BPT en fonction de leurs seuls intérêts spéculatifs alors que les gouvernements , les présidents de régions et l’immense majorité des maires pratiquent le suivisme dans une recherche permanente de recette fiscales liées aux activités souvent commerciales ?
Ségolène Royal a déclaré le 26 avril qu’elle voulait « proposer des actions sur trois axes » qui apparaissent au nombre de quatre dans son propos : « compenser l’artificialisation des sols sur les territoires urbains (principe : une artificialisation contre une désartificialisation) ; valoriser les collectivités qui maîtrisent leurs consommations foncières ; réfléchir à un mécanisme pour favoriser le retour à un classement en zone naturelle ou agricole dans les plans d’urbanisme ; mobiliser les établissements publics pour lieux valoriser les anciennes friches industrielles ».
Il s’agit là d’objectifs intéressants a priori. Il reste à savoir si l’on ira au-delà du catalogue de bonnes intentions dans un pays où les décideurs publics ont laissé aux aménageurs privés la possibilité de n’en faire qu’à leur tête et en fonction de leurs seuls intérêts depuis plusieurs décennies.
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